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Association pour un Liban Laïque
Initiative belgo-libanaise
جمعية من أجل لبنان علماني

مبادرة بلجيكية-لبنانية
 
Un monument et une minute de silence en mémoire des victimes
Par George ACHI
L'Orient-Le Jour 14 avril 2009

Des citoyens ont collé leurs extraits d'état civil, religion barrée, sur une carte géante du Liban.Jamal Saidi/Reuters 13 avril L'État participe pour la première fois à ce type de commémoration. L'association Mémoire pour l'avenir va faire ériger un mémorial, place des Martyrs, pour « réconcilier les Libanais autour de leur passé ».
La place des Martyrs sera donc celle de tous les souvenirs. À quelques mètres de la célèbre statue à la mémoire des nationalistes libanais pendus par les Ottomans, s'élèvera bientôt un monument dédié aux victimes de la guerre civile. « Ici, au cour de la capitale Beyrouth, sera érigé un mémorial national en hommage aux victimes de la guerre qui a éclaté au Liban le 13 avril 1975. Cette guerre a fait plus de : 200.000 morts, 17.000 disparus, 400.000 blessés. Souvenons-nous. » La plaque portant cette inscription a été inaugurée hier matin, 13 avril, jour anniversaire de l'attaque du bus de Aïn el-Remmaneh, qui a marqué le début de la guerre civile. Cette année, de manière inédite, le gouvernement était officiellement présent à la cérémonie, représenté notamment par le ministre de l'Intérieur, Ziyad Baroud.
Une minute de silence a été observée à midi à la mémoire des victimes de la guerre. Cette cérémonie représente une première victoire pour l'association Mémoire pour l'avenir, présidée par Amal Makarem, qui travaille depuis l'an 2000 en vue de faire reconnaître le 13 avril comme journée nationale du souvenir. Des commémorations sont organisées chaque année à l'initiative d'organisations privées, mais c'est la présence de l'État qui marque la différence cette année : une nouvelle étape est ainsi franchie dans la « réconciliation des Libanais autour de leur passé », selon l'association.
« Ce mémorial sera dédié à la guerre de 1975, mais aussi à toutes les guerres qui ont suivi et qui n'ont pas encore de nom », a déclaré Maha Hafez, de Mémoire pour l'avenir. Il s'agit ainsi de se souvenir pour ne pas recommencer, en valorisant les principes de paix et de démocratie qui doivent empêcher une nouvelle guerre de se déclencher. Amal Makarem, présidente de l'association, s'est exprimée hier en mettant en avant l'importance de ces valeurs, qui doivent selon elle passer avant le patriotisme : « Vous dites le Liban d'abord, mais si vous me le permettez, je dirai le Liban ensuite. D'abord, il y a les principes de liberté qui sont à la base de l'unité nationale. »
La lutte contre le confessionnalisme est au premier plan de ces revendications démocratiques. En février, le ministère de l'Intérieur a pris la décision de permettre aux Libanais de supprimer la mention de leur appartenance religieuse sur leurs extraits d'état civil. Après la cérémonie, hier matin, de nombreux citoyens ont été invités à coller leurs extraits d'état civil, religion barrée, sur une carte géante du pays, étalée sur la place des Martyrs.
Le travail continue pour l'association après le 13 avril. Elle a d'abord des ambitions d'historienne : recenser les noms des victimes de la guerre, pour éventuellement les inscrire sur le futur mémorial, et établir un chiffrage officiel de ces victimes. Il s'agirait à terme de « former une instance nationale qui sera chargée d'écrire l'histoire de la guerre selon ses multiples versions », comme le précise le site Internet de Mémoire pour l'avenir, qui appelle également à résoudre rapidement la question des disparus et des déplacés de guerre. Un concours est lancé pour confier à un artiste libanais la responsabilité de dessiner le mémorial qui sera érigé place des Martyrs.

 
 
Dernière modification : 01.05.2009