Edition du 12 février 2008 > Reportage

 

Hani Naïm. Journaliste, membre fondateur de la Maison laïque

« Nos livres d’histoire provoqueront des guerres »

« Je ne suis pas inscrit à l’état civil, l’Etat ne reconnaît pas mon existence si ma propre confession ne me reconnaît pas. Après, je dois aller à l’école de ma confession qui m’inculquera sa propre histoire. Une histoire orientée que déjà nos parents nous ont fait héritée. Nous n’avons appris aucune leçon puisque nous ne sommes même pas d’accord sur les raisons de la guerre civile. Chaque partie prétend avoir défendu son existence. Et tous ceux qui ont mené la guerre sont aujourd’hui des leaders politiques, avec les mêmes référents confessionnaux et féodaux. Si on continue à éduquer les gamins ainsi, au lieu d’en faire des citoyens, nous préparons des guerres reportées. Même l’Etat choisit le programme d’éducation religieuse selon la confession majoritaire de la région concernée. Nos livres d’histoire provoqueront des guerres entre nous. Le mariage civil n’est par reconnu. Nous subissons l’autorité souvent néfaste de nos clergés. D’ailleurs, ces derniers se chamaillent entre eux, mais s’unissent, toutes confessions confondues, contre les laïcs. Dans leur recrutement, les entreprises tentent de respecter ‘‘l’équilibre confessionnel’’. Plusieurs employés ont été licenciés à cause de leurs orientations politiques et confessionnelles. Dans Al Wassit, le journal des annonces, tu peux trouver ‘‘cherche chrétien pour gardiennage d’immeuble’’. »

Adlène Meddi