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Les Libanais dans le monde

« Altérez-vous Café » : un espace « citoyen » fondé en Belgique par un jeune Libanais et ses associés

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Par Suzanne BAAKLINI | 04/07/2011

Mélange de convivialité et de réflexion.
Mélange de convivialité et de réflexion.
Success story Un groupe de jeunes ont fondé un café pas comme les autres à Louvain. Qualifié de « citoyen », c’est un espace à multiples vocations. Dans une interview à « L’Orient-Le Jour », Patrick Ayoub, libanais d’origine, revient sur cette initiative pionnière.

OLJ – Racontez-nous la genèse du café citoyen. En quoi consiste-t-il exactement ?
Patrick Ayoub – Le projet « Altérez-vous » entend œuvrer à l’amélioration des conditions de vie de l’homme et à la protection de l’environnement au sein duquel il évolue. Nous avons privilégié l’activité d’un café citoyen afin de réaliser un mélange équilibré de convivialité, d’échange et de réflexion. Le concept revêt deux facettes intimement interconnectées, une marchande et une seconde non marchande. L’activité marchande consiste en plusieurs points : d’une part, il s’agit d’encourager les modes de production respectueux de l’homme et de l’environnement ainsi que la production locale. Pour ce faire, nous privilégions les produits issus du commerce équitable et de l’agriculture biologique tout en encourageant les savoir-faire locaux. D’autre part, le projet vise à financer les activités non marchandes. Enfin, nous cherchons à démontrer qu’une autre forme de commerce est possible et qu’il est imaginable pour des jeunes de se lancer dans l’aventure de l’entreprise d’économie sociale.


Pour ce qui est de l’activité non marchande, le projet aide à sensibiliser autour des trois axes du développement durable : le social, l’environnemental et l’économique. Il permet aussi d’encourager la responsabilisation du citoyen en tant qu’acteur de la société au sein de laquelle il vit. Il sert troisièmement à promouvoir l’interculturalité.

Quel est le public que vous visez et que lui apporte un tel projet ?
Le public visé est très large. Nous espérons toucher les étudiants car ils constituent le moteur du changement et débordent d’énergie. Nous espérons aussi toucher les personnes actives et/ou pensionnées, car elles ont un rôle indéniable en tant que « consom’acteurs ». En d’autres termes, par leur choix de consommation et de vote, elles peuvent bousculer les choses. Pour le moment, le café citoyen n’est pas monopolisé par un seul type de public, nous réussissons à maintenir l’objectif de rester ouverts à tous.

En quoi vos origines libanaises vous ont-elles rendu sensible à la nécessité d’un tel projet, et que peut apporter une idée pareille à votre pays d’origine, le Liban ?
Le Liban a été mon école de discipline. J’y ai appris à faire les choses à fond lorsque j’étais en train de me lancer. Cette démarche m’a poursuivi au niveau de mes études puis au niveau des différents boulots que je mène actuellement en parallèle. Néanmoins, le Liban n’a pas contribué à m’ouvrir les yeux sur les problématiques défendues par notre café citoyen. En fait, le pays a besoin de modification en profondeur. Malheureusement, cela empire au niveau de la jeunesse. Les programmes politiques et économiques de développement du Liban sont quasi exclusivement axés sur une rentabilité à court terme sans aucune vision à long terme.
Pourtant, j’ai rencontré à l’étranger beaucoup de Libanais très ouverts et très compétents. Ils défendent très bien les couleurs de leur pays car ce sont des travailleurs ambitieux, mais malheureusement trop souvent concentrés sur les affaires. Je trouve dommage que très peu d’énergie et de temps soient consacrés à des projets de bénévolat, de développement, d’entraide sociale, etc.
Un café citoyen pourrait donc apporter beaucoup au Liban en termes d’accès à l’information sur ces sujets, d’aide aux petits agriculteurs locaux à travers l’achat de leurs produits et de l’exposition de leur savoir-faire, de lieu de débat et d’expression sur le sens et le but de la vie, de rencontres interculturelles, de discussions politiques (axées sur de vrais programmes et pas sur des personnalités), etc. Il y a tellement de choses à faire !

En quoi votre pays d’adoption vous a-t-il aidé à concrétiser un tel projet ?  
La Belgique, et en particulier Louvain-la-Neuve, se prêtait très bien à ce projet car les gens qui y habitent sont fort sensibles aux problématiques que nous défendons. C’est d’ailleurs là que nous avons nous-mêmes pu ouvrir les yeux sur tout ce qui concerne le commerce équitable à travers le magasin de l’organisation Oxfam. Ensuite, de fil en aiguille, nous avons commencé à nous intéresser à l’écologie, à la politique, à l’économie sociale, à l’esprit de coopérative...
À l’ouverture du café, les choses n’ont pas toujours été faciles, loin de là. Mais lorsqu’on travaille dur, on peut être récompensé en Belgique, à travers des subsides qui peuvent constituer un soutien non négligeable pour réussir un projet.

Quels sont vos projets d’avenir dans l’immédiat et à plus long terme ? Envisagez-vous d’ouvrir un café citoyen au Liban ? Si oui, auriez-vous peur d’éventuelles complications administratives et autres ?
Actuellement, nous devons encore travailler pour accroître la clientèle de notre café afin de proposer aux travailleurs des conditions de travail plus justes à nos yeux. Je suis également engagé dans différents projets de recherche très intéressants.
À moyen terme, nous envisageons de partir durant quelques années en Amérique du Sud afin de découvrir les pays et leurs innovations sociales avec le peu de moyens disponibles. Sur le long terme, nous voulons nous installer en Roumanie puis au Liban et nous engager dans des projets de sensibilisation et de développement à travers tout ce que nous aurons appris le long de notre parcours. Le café citoyen ne sera sans doute pas la meilleure solution dans ces deux pays. Il faudra analyser la situation sur place et orienter nos idées en fonction de nos observations et de nos envies.

Qu’aimeriez-vous dire aux jeunes Libanais ?
Un message d’espoir et d’énergie positive. J’espère que les mouvements portés notamment par les jeunes dans les pays arabes voisins permettront d’éveiller aussi les citoyens libanais à la nécessité d’avoir des hommes politiques compétents, intègres, pour guider le pays dans une direction souhaitable et soutenable.
Il est donc important que tout le monde s’implique pour donner son point de vue, et surtout ne pas céder au fatalisme. Avec de l’énergie positive, on peut soulever des montagnes !

 

Cette page (parution les premier et troisième lundis de chaque mois) est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban. E-mail : monde@rjliban.com – www.rjliban.com



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